Compte rendu
Séance 2 du « défi fou »
Pourquoi mener aux longues guides ?
Le travail à pied est fondamental
pour instaurer la confiance réciproque.
De plus il va permettre :
- De mettre le poney dans le mouvement en avant
- De trouver des solutions aux problèmes pouvant exister
- De gymnastiquer correctement l’animal (sans traction ou poids à porter)
- De régler les actions de mains du meneur
- De gérer la tension dans les guides
- De se familiariser avec les ordres vocaux
- De commencer à manipuler le fouet si nécessaire
- De se concentrer plus sur l’animal, que sur ses mains
Quel équipement pour le travail à pied aux longues guides ?
Les longues guides (animal équipé de son harnais d’attelage) ou les longues rênes (équidé avec son matériel habituel + surfaix* avec anneaux) sont sensiblement la même chose pour le travail du meneur.
La différence réside surtout dans le fait, que le cheval d’attelage va conserver sa bride avec œillères, et ne voit donc pas où se trouve le piéton.
Pour cette séance, JF a choisi le poney Ernest et va l’équiper de la manière suivante, après lui avoir fait un bon pansage :
- Sellette* avec croupière, de son harnais habituel.
(nous enlevons volontairement les parties inutiles du harnais pour ce travail)
- bride avec une paire de guides
Je profite de ce moment là pour faire un rappel de la nomenclature de la bride et du harnais (ce que l’on garde, et ce que l’on enlève), afin d’enrichir le vocabulaire de mon élève.
Comment ça marche ?
Une fois notre poney équipé, et JF aussi (gants et fouet en main) la question se pose de savoir comment faire pour démarrer ?
C’est simple si l’on respecte les consignes suivantes :
- Savoir où l’on veut aller (avoir en tête, un objectif clairement défini)
-
Ajuster les guides de même longueur
- Détendre les épaules et baisser les mains devant soi
- Prendre le contact avec la bouche du poney
- L’appeler par son nom (« Ernest »)
- Lui donner un ordre vocal clair («marcher »)
- Suivi si nécessaire d’un claquement de langue pour confirmer l’ordre vocal
- Si pas de réponse de la part de l’équidé : rééditer les demandes en étant un peu plus ferme dans l’intonation de la voix, et prêt à utiliser le fouet si besoin pour obtenir le mouvement en avant.
- Lorsque l’animal démarre, accompagner en suivant le mouvement et éviter les à-coups dans la bouche
Explications faites, je laisse volontairement JF se débrouiller avec Ernest dans la cour, pour observer ce qui se passe (nous ne disposons pas, pour le moment d’autre aire d’évolution praticable).
Le poney va tout de suite tester qui dirige qui, et décider de promener JF en direction de son copain !
Cela arrive fréquemment, car c’est un comportement équin normal, que de chercher à savoir qui est le leader, et de tester la position hiérarchique régulièrement. Si le meneur manque de rigueur et de fermeté, il va se faire balader par son quadrupède facétieux !
La compréhension de cette attitude, est, pour un novice, l’une des étapes les plus difficiles à assimiler de son apprentissage de meneur ou de cavalier.
Par contre, une fois cette difficulté franchie, l’élève constatera de lui même ses progrès et son assurance.
Conduite à une main ou à 2 mains ?
Il me semble plus simple pour débuter, de conduire d’abord à deux mains, pour plus de facilité d’action, même si inévitablement, le maintien du fouet, gêne un peu l’élève.
Des « portes » matérialisées par deux quilles chacune, sont disposées dans la cour, sans sens particulier.
Rien de mieux pour améliorer la direction que de varier les trajectoires avec des passages obligatoires. L’exercice devient ludique pour l’élève, mais aussi pour le poney, dans la mesure, où il ne se répète pas à l’infini, toujours la même chose.
Pour réussir à diriger facilement, il faut un animal en « avant », c’est à dire, qui se porte volontiers en avant, sans se faire prier.
Pour rendre l’équidé réceptif, il faut alterner les actions, et lui demander souvent des réponses différentes comme s’arrêter, démarrer, mais aussi de varier les trajectoires au maximum.
Il faut aussi garder à l’esprit que les guides doivent rester tendues pour conserver le contact en permanence avec son compagnon, et ne pas le laisser dans le vide, et dans le flou.
Ernest ne se prête guère au jeu, et refuse la prise de contact à l’arrêt, en reculant et en se tortillant, ce qui met automatiquement JF en difficulté.
L’utilité de l’enseignant ou du formateur
Dans un tel cas, il est alors nécessaire que l’enseignant reprenne en main l’animal, pour recadrer l’éducation de ce dernier, et faciliter ainsi l’apprentissage de son élève.
Pour ne pas laisser la situation et la séance se détériorer de plus en plus, je prends quelques minutes les guides d’Ernest afin de lui rappeler la manière la plus simple et la moins fatigante pour lui, de se comporter.
Je vous rappelle que ceci est un comportement normal pour un équidé, et que si nous voulons prendre plaisir avec eux, il faut en avoir connaissance et assumer pleinement ce fait.
Une fois ce réglage effectué, je rends le poney (tout éveillé et attentif) à JF, pour qu’il puisse apprécier la différence par rapport au début du cours.
Pourquoi travailler avec un cheval/poney tendu ?
L’élève peut alors ressentir la tension existante dans les guides lorsqu’Ernest se porte en avant et constater que la direction devient plus souple et plus aisée.
Le fait que le poney se déplace volontiers et activement, rend l’exercice plus facile pour le meneur.
Mais il permet également à l’animal de fonctionner idéalement, en tendant sa ligne musculaire du dessus (le long de la colonne vertébrale), et en engageant ses postérieurs sous son corps pour se propulser.
Le mouvement en avant est assez facile à conserver en ligne droite ; par contre JF s’aperçoit rapidement d’une perte de l’impulsion* sur une trajectoire courbe.
Pourquoi et qu’est-ce l’impulsion ?
Simplement parce que le fait de tourner consomme plus d’énergie (impulsion), et que le poney « s’éteint » dans ce type d’exercice, qui plus est, si le virage est très serré.
Pour résoudre cela, il suffit d’anticiper en demandant un peu plus d’activité dès le début de la courbe. L’équidé maintient ainsi une tension constante des guides, et de sa ligne de dos.
« L’impulsion est le désir de se porter en avant »
En résumé
Les problèmes fréquemment rencontrés, lors du travail aux longues guides sont :
-
Equidé qui ne se porte pas en avant
- Animal qui n’est pas aux ordres
- Poney qui n’est pas tendu
- Mauvais placement du meneur par rapport à son cheval
- Mauvaise tension des guides
- Absence de tension dans les guides
- Poney qui fait demi-tour et fait face
- Mains trop hautes ou trop basses
4 conseils pour réussir à mener aux longues guides
- il faut un équidé calme, en avant et droit
- On ne débute jamais aux longues guides avec un animal inexpérimenté (un seul débutant à la fois : soit le cheval, soit l’humain)
- Ne travailler qu’avec du matériel parfaitement adapté ; et ne pas improviser ce genre de séance (les guides ne doivent pas pouvoir se retrouver au sol = source d’accident)
- Prendre le temps, car une telle séance sera pour ainsi dire aussi longue qu’une séance attelée ou montée.
Conseil subsidiaire
Si vous n’êtes pas disponible mentalement pour ce genre de pratique, remettez l’exercice à un autre jour, et contentez vous de jouer avec votre compagnon, cela sera plus productif et plus bénéfique pour vous, comme pour lui.
LEXIQUE :
Surfaix : Sangle en cuir ou synthétique que l’on fixe autour du corps du cheval. Pour le travail à pied, le surfaix doit comporter des anneaux qui supporteront les longes, rênes ou guides, et leur éviteront de trainer au sol et/ou dans les membres.
Sellette : Partie du harnais d’attelage, qui permet de supporter les brancards. Elle se positionne sur le corps du poney et est maintenue à la bonne place grâce à la croupière. Les clefs (anneaux) de sellette, permettent aux guides de coulisser sur le dessus du harnais.
Croupière : lanière de cuir allant de la sellette (sur un harnais d’attelage), à la queue de l’animal. Le culeron passe sous la queue et maintient ainsi la sellette en place, l’empêchant d’avancer. On trouve aussi une croupière en équitation, sur les poneys en particulier, pour retenir la selle.
impulsion : c’est le désir permanent du cheval, naturel ou acquis, de se porter en avant.
À VOUS D’AGIR MAINTENANT :
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