Attelage facile ce fait cette fois le relais d’Agnès, Meneuse de Tourisme Équestre dans l’Eure.
Cette ultime participation vient clore le festival de la Cavalcade des Blog n°7 dont le sujet était : les situations de stress
Le stress et ses conséquences sur le cheval.
Pour comprendre un peu mieux ce qui suit, il faut d’abord savoir que je suis un
catalogue de peurs ou d’angoisses à moi toute seule.
Il faudrait sûrement remonter dans l’enfance pour en trouver les origines.
Difficile d’exprimer avec des mots simples, des sentiments aussi complexes et
surtout d’être compris.
On pourrait résumer en disant que je suis en état d’alerte permanente, que j’ai une
propension à ne voir d’abord que le négatif, que je dois obligatoirement avoir la
maîtrise des situations, et peut-être un instinct de survie sur-dimensionné !
L’évitement permanent que je pratique est un blocage vers la liberté avec les
autres. Pour autant, je ne ressens aucune frustration ni aucun regret. Les raisons
personnelles l’emportent toujours sur le raisonnement d’autrui, souvent au détriment
du partage, mais tant pis, j’assume mes peurs.
Quel rapport avec le cheval ?
Sachant que cet animal est une éponge, on peut aisément deviner les conséquences.
C’est la suite logique.
Mes rapports avec la gent équine ont commencé tardivement, à l’âge de presque
quarante ans. Ma fille aînée, mordue de cheval à l’aube de sa vie, a tracé la voie.
J’ai pris des cours, de mauvaises habitudes et je suis devenue une très modeste
cavalière qui « tient en randonnée aux trois allures ».
Nous avons, assez rapidement, acheté notre premier cheval, un vieux routier qui avait traversé la France de long en
large, qui passait partout sans se poser de questions. Avec lui, j’ai acquis une belle
confiance, toute relative cependant… L’aventure a duré quelques années.
Chemin faisant, avec ma fille devenue grande, nous avons causé attelage. L’idée a
fait son chemin petit à petit avec des projets à la clef (nous sommes tout près de
Giverny et de son célèbre peintre). C’est décidé, je vais m’y mettre !
Je trouve, par hasard, un C.E. à dix minutes de chez moi, qui enseigne l’attelage.
Je fais un premier stage, puis je finalise le projet avec l’A.N.P.E. qui mettra deux
ans à accepter. C’est ainsi que j’ai entrepris la formation du Brevet de meneur en
tourisme équestre.
On dit que l’attelage est une discipline dangereuse, c’est rigoureusement exact !
Et pourtant, je me sentais beaucoup plus à l’aise qu’à cheval : plus de problèmes
d’assiette, plus de peur de la chute…
Fidji, notre jeune jument d’attelage, était à ma dimension pour débuter. Ça n’était
pas une furieuse, plutôt un peu fainéante et surtout complètement conditionnée, tout
à la voix, pas de surprise. Malgré tout, du stress montait de temps en temps, en
fonction des circonstances : va-t-elle avoir peur du train ? de la fanfare ? De… ?
Finalement, elle a bien assuré pendant une douzaine d’années, jusqu’à ce qu’elle
tombe malade et qu’elle ait dû prendre une retraite anticipée.
Puis, Quenelle est arrivée, pas encore trois ans, prête à l’emploi.
Sauf que, deux mois plus tard, le jour de Pâques, nous avions un cadeau surprise dans
le pré : un poulain !
Le gros stress passé, il a fallu assurer, faire face à ce nouvel arrivant ; nous ne
sommes pas éleveurs, il a fallut tout apprendre, ne pas faire d’erreurs.
Remise au travail au bout de quelques mois, Quenelle s’est révélée en tous points
être l’opposé de Fidji : la morphologie, le punch, la volonté, mais aussi la précipitation
dans ses actions, elle doit être canalisée, travailler plus en douceur, ne plus foncer.
Dès le début, je ne me suis pas sentie à la hauteur de ses possibilités. D’une jument
plan-plan, je passe à une bombe. Avec elle, il faut plus d’expérience, de savoir-faire
que je possède pas. Mon sentiment, c’est que je ne la mérite pas.
Lorsque j’ai des doutes sur moi-même, je me donne le temps de la réflexion.
Nous avons repris le travail d’éducation à la base, le respect, les longues rênes.
Il devait y avoir des manques dans ces domaines. Nous sommes retournés au C.E. pour
faire un bilan concret. Reprise de confiance, à moi de poursuivre.
Il s’est passé encore du temps avant que je l’attelle à la maison avec moins de stress.
Au fil des mois, la relation s’est installée. Fidèle à moi-même, j’évite les situations
à risque. Tout à l’air d’aller pour le mieux. Nous reprenons les prestations, les
randonnées et autres rencontres entre meneurs.
Mais je vois bien que quelque chose ne va pas. Même si je n’ai pas l’impression d’être
stressée, elle doit ressentir mes hésitations avec son instinct animal. Je la sens
devenir peureuse, souvent sur l’oeil. Du coup, j’anticipe sur ses éventuelles peurs, au
cas où… ! Et c’est le cercle vicieux qui s’installe. On se transmet mutuellement nos
incertitudes, rien ne va plus, je stresse, elle stresse, son comportement a changé sans
que j’y prenne garde. L’action de mes mains sur les guides ne doit pas aider non plus.
Elle est d’une extrême sensibilité, elle ne permet pas d’erreurs sans conséquences.
Je me sens fautive, je suis nulle, je ne dois pas être faite pour ça… !
Cela ne peut plus durer, je dois encore demander de l’aide. Retour au C.E.
Je bois les conseils, j’enregistre les actions, on me rassure sur son comportement, on
me met face à moi-même. C’est moi qui dois changer et tenir compte du caractère
évolutif de la jument. Ce n’est plus Fidji !
Depuis, nous coulons des jours plus ou moins heureux. J’ai appris à mieux gérer mon
stress, je suis plus sereine.
Ces derniers temps, nous avons enchaîné l’éducation du jeunot, sa mise à l’attelage,
à la selle, et maintenant la mise en paire avec sa mère.
Encore des situations avec bien des questionnements et des hésitations pour moi,
mais aussi de beaux moments de plaisirs partagés avec les chevaux.
Je me suis fait beaucoup aider, tout se passe pour le mieux .
Ces épreuves renforcent la confiance, sans pour autant supprimer les peurs bien
ancrées au fond de soi. Celles-là ne disparaîtront jamais. Il faut vivre avec, ne pas
trop les exprimer, montrer malgré tout qu’on est quelqu’un d’équilibré et de sensé.
Mais mon entourage n’a toujours pas compris qu’avec tous les démons qui
m’entourent, je continue de pratiquer l’attelage… !
Un exemple typique en image, d’une situation stressante pour moi : une digue, de l’eau de
chaque côté, il n’en faut pas plus pour qu’une très forte angoisse ne me quitte pas
jusqu’au bout du chemin ! Avant la balade, je ne savais pas que nous devions passer là !
J’avais les yeux fixés sur l’attelage qui précède et sur la jument, je ne pouvais pas
regarder sur les côtés. C’était très dur !
Le cheval n’en est pas la cause, l’épreuve aurait été la même si j’avais été piéton.
Agnès.
😉
Je remercie Agnès pour ce témoignage sur les craintes et les doutes qu’elle rencontre régulièrement et qu’elle a aujourd’hui accepté de partager avec nous tous.
Nous ne sommes pas infaillibles, et accepter ses faiblesses permet de grandir et de progresser plus sereinement et surtout en connaissance de cause.
–> Merci à vous lecteurs, de partager vos expériences à votre tour dans les commentaires ci-dessous. 🙂